Automédication abusive en Côte d’Ivoire : les risques à éviter

Innovation, écoute, Santé.

Introduction
En Côte d'Ivoire, l'accès à certains médicaments sans ordonnance et le manque d'informations fiables sur la santé poussent de nombreuses personnes à se soigner elles-mêmes. Si l'automédication peut parfois être utile pour traiter de petits maux passagers, elle devient dangereuse lorsqu'elle est excessive, mal informée ou guidée par des croyances populaires erronées.

1. Qu'est-ce que l'automédication ?
L'automédication consiste à prendre un médicament sans avis médical, généralement pour traiter des symptômes jugés mineurs : fièvre, maux de tête, toux, douleurs abdominales, etc. Cela inclut l'usage de restes de traitements antérieurs, les conseils de proches ou l'achat de médicaments en pharmacie sans prescription.

2. Une pratique courante en Côte d'Ivoire
En milieu urbain comme rural, nombreux sont les Ivoiriens qui se soignent seuls, faute de moyens financiers, par habitude ou par méfiance envers les structures de santé. Selon une étude de l'Institut National de la Statistique, plus de 60% des consultations pour des symptômes courants se font sans passage chez un professionnel de santé (INS, 2021).

3. Les dangers de l'automédication abusive

• Erreurs de dosage : Un surdosage peut entraîner des intoxications graves, notamment chez les enfants.

• Interactions médicamenteuses : Certains médicaments ne doivent jamais être pris ensemble.

• Masquage des symptômes : L'automédication peut cacher des maladies graves comme le paludisme, la tuberculose ou l'hypertension.

• Antibiorésistance : L'usage inapproprié des antibiotiques crée des germes résistants, très difficiles à traiter (Pasteur - Projet SARA, OMS - GAVI).

4. Exemples concrets

• Une jeune femme traitant ses douleurs abdominales répétitives avec du paracétamol a retardé le diagnostic d'une appendicite aiguë.

• Un enfant ayant pris un sirop contre la toux non adapté à son âge a dû être hospitalisé pour intoxication.

5. Comment se protéger ?

• Toujours demander conseil à un professionnel de santé avant de prendre un médicament.

• Lire attentivement les notices.

• Ne jamais partager ses médicaments.

• Privilégier les pharmacies agréées.

6. Initiatives de sensibilisation
Des campagnes comme celle menée en Côte d'Ivoire contre les médicaments de la rue, en partenariat avec UPSA, visent à éduquer les populations sur les dangers de l'automédication incontrôlée (UPSA - 2019).

Conclusion
L'automédication abusive n'est pas un signe d'autonomie, mais une menace pour la santé publique. En tant que pharmacie engagée, nous encourageons chacun à faire preuve de prudence et à se rapprocher de professionnels qualifiés pour un accompagnement adapté. La santé n'a pas de prix, mais elle a des règles. Respectons-les ensemble.

Sources et références

Institut National de la Statistique. (2021). Côte d'Ivoire : Disponibilité des intrants essentiels dans les structures sanitaires. Banque mondiale. https://documents1.worldbank.org/curated/en/099062924090022938/pdf/P1724241e0fb3a0c01872f1711a3ebc9b2f.pdf

Institut Pasteur. (n.d.). Projet SARA : Surveillance de l'antibiorésistance en Afrique. https://www.pasteur.fr/fr/international/programmes-internationaux/projet-sara-surveillance-antibioresistance-afrique

Organisation mondiale de la Santé [OMS]. (2023). L'antibiorésistance en Afrique, principale cause de mortalité. Gavi. https://www.gavi.org/fr/vaccineswork/afrique-resistance-antimicrobiens-depasse-desormais-paludisme-vih-tuberculose-principale-cause-mortalite

UPSA. (2019). Campagne de lutte contre les médicaments de la rue en Côte d'Ivoire. https://www.upsa.com/sites/default/files/cp_upsa_14_juin_2019_lutte_contre_les_medicaments_de_la_rue_en_cote_divoire.pdf

Yuma, A. P., et al. (2023). Prevalence and determinants of self-medication among university students in Democratic Republic of Congo: A cross-sectional study. Pan African Medical Journal. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10460111/

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